samedi 23 février 2008

Tricot Mania



J'ai décidé de diffuser ce court métrage de Laura Neuvonen car il touche à l'un de mes passe-temps: Le tricot.
Dans le film, le personnage s'installe près d'une falaise pour tricoter.Elle entreprend la confection d'une écharpe incroyablement longue à tel point qu'elle l'entraîne vers le gouffre. La tricoteuse entre dans une véritable frénésie, elle ne peut plus s'arrêter, elle tricote au péril de sa vie. C'est un véritable combat entre la tricoteuse et son tricot. Quand il n'y a plus de laine, elle tricote ses cheveux et quand sa tignasse cède elle se résoud enfin à arrêter, elle se débarrasse de ses aiguilles et ne sait plus quoi faire de ses mains.
Même si le personnage est pathétique sur la fin, c'est un film plein d'humour et de poèsie. Il s'avère même être réaliste car, quoique éxagérées, il révèle les véritables préocupations de la tricoteuse: quand l'ouvrage est en cours, il faut avancer, s'occuper les mains, tricoter à tout prix et dans toutes circonstances. Au bout de quelques jours de tricotage intensif, les doigts sont crispés et les gestes des mains douloureux mais il faut continuer, c'est inéluctable. Un bon moyen de s'occuper les mains sans réfléchir dans une répétition et un acharnement frénétique. Mais quand l'ouvrage est terminé, on est à la fois satisfaite et triste car on s'ennuie on ne sait plus quoi faire de ses mains. L'envie de tricoter survient n'importe où et n'importe quand, c'est une drogue, une addiction, c'est la tricot mania.
Dans le cadre de l'école, André Léocat nous a donné un sujet sur la sérialité et c'est spontanément, que j'ai choisi le tricot pour y répondre. Un travail sériel doit être à la fois répétitif et rythmé et à la fois incontrolé et irréfléchi, l'ego créateur de chacun ne devant pas intervenir. J'ai commencé par tricoter des carrés de 20cm de côté, de différentes couleurs et selon différentes techniques ( selon les techniques on obtient un point mousse ou un point jersey, deux trames de tricot trés différentes). Montés ensuite sur chassis,ces premiers essais étaient trop minimalistes et ne répondaient pas vraiment au sujet car je m'était trop focalisée sur l'aspect répétitif du travail sériel car quoi de plus répétitif que le tricot? Pour prendre en compte le deuxième paramètre de ce sujet, à savoir son caractère incontrolé, j'ai commencé à tricoter avec deux pelotes de laine de couleurs différentes. Ainsi la distribution des couleurs est aléatoire, ce n'est plus moi qui décide. J'alterne les procédés, on a ainsi des trames verticales puis horizontales qui s'enchainent. Je ne décide pas de la densité de telle ou telle couleur, ainsi des motifs se dessinent malgrès moi mettant à l'épreuve notre perception rétinienne.

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